Jordi Inglada
13 May 2023

La guerre génère les soldats dont elle a besoin

Un ensemble de citations qui se répondent et dont le dialogue aurait pu être écrit par un LLM, tant les guerres récentes sur des territoires supposés être à l’abri de tensions économiques nos ont surpris

Dans Les dix millenaires oublies qui ont fait l’Histoire1, Jean-Paul Demoule écrit :

Les ethnologues ont relevé chez les sociétés traditionnelles deux grandes formes de guerre, qui peuvent se combiner, les unes plutôt de nature symbolique et idéologique, les autres aux buts plutôt économiques, au sens large.

Selon Demoule, une guerre économique

[…] a pour but l'obtention d'avantages que les négociations et échanges en temps de paix n'ont pu finalement atteindre. C'est la formule bien connue et posthume de l'officier prussien , mort en 1831 et vétéran des guerres napoléoniennes , Carl von Clausewitz : « La guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. » Il s'agit de s'emparer d'un territoire, de richesses, de contrôler des voies d'accès stratégiques, ou encore de s'assurer des épouses, thème aussi bien attesté dans les observations ethnographiques que dans les mythologies anciennes - de l'enlèvement des femmes lapithes par les centaures en Grèce ou de celui des Sabines par les Romains -, voire dans certaines guerres actuelles, avec la multiplication des viols ou des mariages forcés.

Mais d’après Harari, les guerres économiques auraient tendance à disparaître (et Putin ne fait qu’une guerre idéologique?)

  1. Le nouvel ordre du jour humain Homo Deus_ une breve histoire de l'avenir - Yuval Noah Harari.epub

    […] l'économie mondiale ne se fonde plus sur les matières premières mais sur le savoir. Auparavant, les principales sources de richesse étaient les actifs matériels, comme les mines d'or, les champs de blé et les puits de pétrole. De nos jours, le savoir est la principale source de richesse. Et si l'on peut conquérir des champs de pétrole par les armes, on ne saurait acquérir le savoir ainsi. La connaissance étant devenue la ressource économique la plus importante, la rentabilité de la guerre a décliné, et les guerres se sont de plus en plus cantonnées aux parties du monde - comme le Moyen-Orient et l'Afrique centrale - qui reposent encore sur des économies à l'ancienne, à base matérielle.

Une vision un peu simpliste? Les guerres dans ces zones sont crées par les pays détenteurs du «savoir» et qui ont des économies à base non matérielle.

Chap 3. Liberté 21 Lecons pour le XXIeme siecle - Yuval Noah Harari.epub

L'obéissance aveugle n'est pas un mal en soi, bien entendu, du moment que les robots servent des maîtres bienveillants. Le recours à des robots tueurs pourrait par exemple garantir le respect des lois de la guerre sur le champ de bataille pour la première fois de l'histoire. Il arrive que leurs émotions poussent les soldats à tuer gratuitement, à piller et violer au mépris des lois de la guerre. Nous associons habituellement les émotions à la compassion, à l'amour et à l'empathie, mais en temps de guerre les émotions qui dominent sont trop souvent la peur, la haine et la cruauté. Les robots étant privés d'émotions, on pourrait compter sur eux pour s'en tenir à la lettre au code militaire et ne jamais se laisser emporter par des peurs et des haines personnelles(23).

https://www.mediapart.fr/journal/economie/310322/le-temps-des-rationnements Martine Orange]]

31 mars 2022 à 19h07 On ne peut pas prendre des sanctions contre les pays puissants

Soulignant les sanctions sans précédent prises contre la Russie, et les effets provoqués sur l'ensemble de l'économie mondiale, l'historien Nicholas Mulder met en garde dans un récent article de Foreign Affairs: « Utiliser des sanctions contre de très grandes économies n'est pas possible sans des mesures de compensation qui aident à soutenir les économies des pays qui ont pris les sanctions [le bloc atlantique - ndlr] et le reste du monde », prévient-il.

Dans La fin de la megamachine2, Fabian Scheidler écrit :

Une fois la guerre déclenchée, elle engendre par ailleurs, à mesure qu’elle détruit les conditions de vie des gens qui se trouvent sur son chemin, une armée de déracinés prêts à assurer la relève militaire. De cette manière, la guerre génère elle-même les soldats dont elle a besoin.

À l'inverse, une fois la guerre terminée, ceux dont la seule compétence est de faire la guerre, peuvent avoir tendance à se réconvertir dans le banditisme ou la mafia. Leur existence justifie le mantien d'un état sécuritaire et donc de forces armées ou de police pour s’en défendre.

Peut-on donc vivre sans guerre (chaude ou froide) et sans course à l'armement?

De son côté, Yuval Noah Harari dans Sapiens3

La menace d'un holocauste nucléaire favorise le pacifisme ; quand le pacifisme progresse, la guerre recule et le commerce fleurit ; et le commerce augmente à la fois les profits de la paix et les coûts de la guerre.

La conséquence de serait qu'aucun pays est indépendant et ne peut lancer unilatéralement une guerre de grande ampleur. On assiste donc à a naissance d'un grand empire mondial, et comme tous les empires, il fait régner la paix à l'intérieur de ses frontières.

Footnotes:

1

Chapitre 7. Qui a inventé la guerre (et les massacres) ?

2

Chapitre 6. - Monstres - La réorganisation du pouvoir et la naissance du système-monde moderne (1348-1648). https://www.megamachine.fr/

Tags: fr war army guerre armee
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